Appel à communications

Développement durable dans l’enseignement - apprentissage des langues

Le congrès annuel de l’APLIUT propose de questionner cette année la thématique actuelle du développement durable dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement-apprentissage des langues.

Selon Gro Harlem Brundtland (1987)[1], le développement durable est défini comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». En 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio, la notion est officialisée, complétée par ses trois piliers : « un développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable[2] ».

Aujourd’hui, face à l’urgence climatique, le développement durable impose une transition vers la sobriété énergétique et la décarbonation de nos modes de vie. En cette ère de l’anthropocène (époque marquée par l’impact massif de l’activité humaine sur la planète), il est crucial de respecter les limites planétaires en adoptant des pratiques d’éco‑conception et en s’inscrivant dans une logique d’économie circulaire. Cette approche éco-responsable permet aussi de préserver la biodiversité, qui devient une priorité pour préserver notre planète et notre propre survie.

Dans le cadre du diplôme de Bachelor Universitaire de Technologie (BUT) délivré par les IUT, les programmes nationaux des 24 mentions de spécialités abordent dans leur partie introductive la nécessaire démarche de sensibilisation environnementale et de développement durable auprès des étudiants dans chacune des ressources et situation d’apprentissage et d’évaluation (SAÉ). Les programmes de 2027 développeront davantage ce volet en lien avec la formation à la transition écologique pour un développement soutenable (TEDS).

C’est pourquoi le 46e congrès de l’APLIUT qui se tiendra à l’IUT de Saint-Etienne, campus écoresponsable innovant en application du schéma directeur DD & RS de l’Université Jean Monnet[3] se donne pour mission de rappeler et d’aborder ces notions dans toutes leurs dimensions, dans la sphère de l’enseignement-apprentissage des langues.

Les communications s’inscriront (mais ne s’y limiteront pas) dans les quatre axes principaux suivants :

Axe 1 : Transition écologique et développement soutenable

Si les catastrophes naturelles ne datent pas d’aujourd’hui, l’intensification du dérèglement climatique est liée à l’activité humaine (Kempf, 2001). Pourtant, malgré la multiplication des rapports et études scientifiques sur l’urgence d’agir, les réponses politiques et institutionnelles demeurent insuffisantes, et laissent présager des scénarios critiques[4]. Dans le champ de l’enseignement supérieur, la question environnementale interpelle directement les pratiques pédagogiques en langues (Delahousse, 2011)[5]. Les déplacements (quotidiens ou liés à des événements scientifiques), la consommation d’énergie et de matériel, ou encore l’usage intensif du numérique (Nowakowski, 2024), constituent autant de sources d’impact environnemental.

Cet axe propose d’interroger les formes que peut prendre la transition écologique dans l’enseignement-apprentissage des langues, tant sur le plan institutionnel que sur celui des pratiques quotidiennes.

Questions proposées :

  • Comment réduire l’empreinte carbone des mobilités étudiantes et enseignantes en privilégiant le distanciel (internationalisation at home, eTandem) ?
  • Quel est le coût environnemental du numérique et des intelligences artificielles génératives appliquées à la didactique des langues ?
  • Comment repenser l’achat et l’utilisation de matériel pédagogique, comment mutualiser les ressources dans une logique soutenable ?
  • En quoi la notion de développement soutenable peut-elle inspirer de nouvelles pratiques didactiques sobres et efficaces ?

 

Axe 2 : Éducation et formation aux questions écologiques

La transition écologique appelle aussi à une transformation des contenus et finalités éducatives (Giannini, 2024). En France, l’éducation au développement durable est inscrite dans les orientations du Ministère en charge de l’Éducation Nationale[6]. La dimension linguistique est essentielle dans la mise en place de ces programmes, car elle permet d’accéder à des savoirs, de comparer des discours culturels, et de favoriser une conscience critique et plurilingue des enjeux climatiques (Batista et Martins, 2024).

Cet axe invite à réfléchir aux manières d’intégrer la soutenabilité dans la formation des étudiants et des enseignants de langues.

Questions proposées :

  • Comment inscrire explicitement le développement durable dans les programmes nationaux des IUT et les maquettes pédagogiques des départements de langues ?
  • Comment décloisonner les savoirs pour élaborer des ressources transdisciplinaires et ainsi préparer à l’insertion professionnelle ?
  • Quelle transposition didactique des savoirs et quelles pratiques pédagogiques innovantes pour articuler apprentissage linguistique et sensibilisation écologique (par ex. fresques du climat plurilingues, ateliers de prospective en langue étrangère, co-enseignement de type EMILE...) ?
  • Comment former les enseignants de langues à intégrer les questions environnementales dans leurs cours (cf. TEDS[7]) ? Quelles postures enseignantes adopter pour enseigner ces nouveaux contenus ?

 

Axe 3 : Discours sur le développement durable dans l’enseignement-apprentissage des langues

L’ambivalence dans les termes employés (urgence, crise, catastrophe, transition, résilience) façonnent les représentations et les actions collectives (Pereira, 2022 ; Bonhomme, 2024). L’analyse du discours, notamment à travers l’approche lexicométrique révèle des controverses liées au caractère argumentatif des différentes visions du développement durable (Chandelier, 2023). Ces discours écologiques constituent des ressources didactiques et permettent de travailler la compréhension, la production et l’analyse critique (Delahousse, 2011).

Cet axe propose d’interroger les discours sur le développement durable dans leurs dimensions linguistiques et pédagogiques.

Questions proposées :

  • Comment analyser en cours de langues les discours sur le développement durable, qu’ils soient militants, scientifiques ou d’entreprise (greenwashing) ?
  • Quels corpus mobiliser pour analyser les discours du développement durable (discours de spécialité, de vulgarisation) ?
  • Comment introduire la langue de spécialité de la transition écologique pour développer les compétences linguistiques des apprenants ?
  • Comment intégrer l’analyse critique des différentes représentations culturelles de la nature et de l’environnement en classe de langues ?

 

Axe 4 : Méthodes et méthodologies écologiques dans l’enseignement-apprentissage des langues

Les approches écodidactiques recouvrent des dimensions variées allant de l’enseignement des expressions écolinguistiques en classe de langues (Mohammadpour et Gashmardi, 2025 ; Ori, 2022) à la prise en compte des environnements personnels d’apprentissage dans le cadre des apprentissages en contextes informels (Sockett, 2023). Il s’agit également d’aborder l’apprentissage en contexte naturel ou l’« école en forêt » (Nicolas, 2023) ou encore des approches méthodologiques de recherche qui privilégient les données recueillies dans les environnements réels (Bolger et Laurenceau, 2013).

Cet axe vise à explorer ces méthodologies et leur application concrète en didactique des langues.

Questions proposées :

  • Comment adapter les principes d’écolinguistique et d’écodidactique aux pratiques de classe de langues ?
  • Quelles formes d’apprentissage en milieu naturel peuvent être intégrées aux cursus de langues ? Quelles interdisciplinarités ?
  • Comment privilégier des recherches de terrain respectueuses des environnements réels d’apprentissage ?
  • De quelle manière repenser les environnements personnels d’apprentissage dans une perspective durable ?

 

Axe 5 : Ateliers pratiques

Cet axe, résolument tourné vers la mise en pratique, invite à la présentation d’expériences, d’outils pédagogiques et de projets concrets permettant d’articuler enseignement-apprentissage des langues et le développement durable, d’engager et de sensibiliser les apprenants aux enjeux de la transition environnementale.

Questions proposées :

  • Quels outils concrets permettent d’intégrer le développement durable dans les cours de langues (jeux, fresques, infographies, projets collaboratifs) ?
  • Comment concevoir et mettre en œuvre des projets interdisciplinaires associant langue de spécialité et développement durable, notamment dans le cadre des SAÉ en IUT ?
  • Comment organiser des débats, mises en situation ou jeux de rôle en langue étrangère autour des controverses climatiques ?
  • Quelles approches créatives (théâtre, littérature, multimédia) peuvent sensibiliser aux enjeux climatiques ?
  • ·       Comment impliquer les étudiants et les rendre acteurs de la transition écologique ?

 

Bibliographie

Batista, B. et Martins, F. (2024). Formation des enseignants au développement durable – Éducation et diversité linguistique et bioculturelle dans le cadre du projet TEDS. Recherches en didactique des langues et des cultures. Les cahiers de l’Acedle, 22(2). https://doi.org/10.4000/11qa9

Bolger, N. et Laurenceau, J.-P. (2013). Intensive longitudinal methods: An introduction to diary and experience sampling research. Guilford Press.

Bonhomme, M. (2024). L’argumentation environnementale dans le discours publicitaire. Analyse lexicale, rhétorique et pragmatique. Éla. Études de linguistique appliquée, 216(4), 393-416. https://doi.org/10.3917/ela.216.0010

Chandelier, M. (2023). Interdiscours, fréquences et cooccurrences dans le rapport Brundtland : Enjeux argumentatifs de la définition de développement durable. Éla. Études de linguistique appliquée, 209(1), 81-97. https://doi.org/10.3917/ela.209.0085

Delahousse, B. (2011). L’environnement par et pour les langues. APLV - Les Langues Modernes, 4. https://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article4223

Giannini, S. (2024). Faire le lien entre les transitions numérique et écologique par l’éducation. UNESCO. https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000391873

Kempf, H. (Ed.). (2001). Coup de chaud sur la planète : Les dérèglements climatiques. Le Monde Editions : Librio.

Mohammadpour, T. et Gashmardi, M. R. (2025). Enseignement des expressions écolinguistiques aux apprenants iraniens du FLE à l’aide de l’IA. Didactique du FLES. Recherches et pratiques, 4(1), 69-80. https://doi.org/10.57086/dfles.1599

Nicolas, L. (2023). L’écoformation comme paradigme-clé pour penser les pratiques d’école dehors. Éducation relative à l’environnement. Regards - Recherches - Réflexions, 18(1). https://doi.org/10.4000/ere.9589

Nowakowski, S. (2024). L’essentiel de l’intelligence artificielle. STUDYRAMA.

Ori, J. (2022). Une vraie transversalité de l’enseignement de l’écologie en classe de FLE. Anales de Filología Francesa, 30. https://doi.org/10.6018/analesff.518761

Pereira, I. (2022). Écologie et Multiplicité des oppressions : Une Perspective problématisatrice en pédagogie critique. Spirale - Revue de recherches en éducation, 70(2), 13-22. https://doi.org/10.3917/spir.070.0013

Sockett, G. (2013). Understanding the Online Informal Learning of English as a Complex Dynamic System: An Emic Approach. ReCALL: The Journal of EUROCALL, 25(1), 48-62. MLA International Bibliography. https://doi.org/10.1017/S095834401200033X



[1] https://sustainabledevelopment.un.org/content/documents/5987our-common-future.pdf

[2] https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1644

[3] https://www.iut.univ-st-etienne.fr/fr/la-vie-de-campus/un-campus.html

[5] Voir la publication du numéro « L’environnement par et pour les langues » dans Les Langues Modernes 4/2011 : https://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article4223

 

 

 

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